Il est des soirs au bivouac de Chegaga Berber camp où Ali prend le djembé et chante avec ses collègues pour nous, autour du feu de camp
Il ne s’agit pas de musique remixée ou de chansons des nombreux groupes apparus utilisant la guitare basse qui modernisent ce style musical propre au désert.
Le répertoire repris par Ali, nous surprend avec des intonations loin de ce à quoi nous sommes familiarisés.
Cette musique se pratiquait dans les familles nomades berbères du désert. Certaines familles possédaient un djembé qui dans l’essentiel du matériel de la vie nomade accompagnait tous les déplacements.
Le djembé fabriqué avec les matériaux dont on disposait dans le désert, du bois sur lequel on tendait une peau de dromadaire. A défaut de peau de dromadaire, on préférait la peau de vache à celle de chèvres car de meilleure qualité pour la sonorité.
Cet instrument accompagnait la vie de chaque jour.
Souvent la femme mais également l’homme composait un texte semblable à un poème, une ode pour relater les évènements : la pluie, la sécheresse, la bonne récolte… ou évoquer la vie du groupe : les départs, les retours, les rencontres, l’accueil d’un étranger mais surtout les états d’âme, la joie, la peine, le bonheur, la nostalgie, l’amour, l’inquiétude… Ces textes étaient accompagnés de cet instrument à percussion facile à transporter, le djembé. L’écriture n’existant pas, le peuple bédouin étant de tradition orale, on mémorisait ses chansons qui se transmettaient de groupe à groupe, de famille à famille et de générations en générations.
Ces chants incarnent la vie de chaque jour dans le désert, c’est le souffle de la Vie
On y exprimait la dureté des conditions de vie, on y déversait sa souffrance, son découragement pour retrouver l’énergie afin de poursuivre son existence et retrouver foi en l’avenir. Ali expliquait un soir auprès du feu que ce chant est inspiration, intériorisation puis expiration, expression, libération de la voix et du ressenti.
On imagine un va et vient entre le soi et l’univers, entre l’être vivant et son milieu, un va et vient si fort quand la vie est si fragile, si dépendante de son environnement
Ali a hérité ce répertoire de ses ancêtres, il est attaché à la transmission de cette tradition qui se perd avec la disparition du nomadisme et nous le partage dans la chaleur d’un feu de bois sous un ciel étoilé.